Archive pour 1 septembre, 2009

Les lectures du magazine HdC n°10

acturoman.jpgSonia Pelletier-Gautier, Les Dilemmes de l’Inquisiteur, t. I : Le Souffre et l’Encens ; t. II : L’Inquisiteur et la Sorcière ; t. III : Le Brasier de l’Imparfaite, Éd. du Pierregord, 2009, 20 € chaque tome, FICT 56 t. I à III.
Michel Cosem, Les vies multiples du troubadour Peire Vidal, Éd. du Pierregord, 2009, 20 €, FICT 57.
Daniel Hernandez, Le loup des Cathares, Mare Nostrum Éditions, 2009, 12 €, FICT 58
Serge Pey, Nihil et Consolamentum, Délit Éditions, 2009, 21 €, FICT 59.

J’imagine un chemin, un chemin pavé d’histoires. Un chemin qui mènerait de l’Histoire vers autre chose, ni tout à fait une récréation, un divertissement, ni tout à fait une randonnée intellectuelle, un effort. Un chemin que l’on pourrait emprunter dans les deux sens et sur lequel le promeneur, étape après étape, se reposerait.
Prévoyant, il aurait emporté avec lui quelques livres pour ne pas risquer de s’ennuyer, si le paysage traversé lui semblait trop monotone. Voilà de quoi remplir sa besace de nouveautés.
C’est l’ancien maître des novices au couvent de Strasbourg, Président du Directoire des Éditions du Cerf, qui donne son imprimatur à la trilogie de Sonia Pelletier-Gautier, Les Dilemmes de l’Inquisiteur, parue aux Éditions du Pierregord. Neuf cents pages, pas mal faites, pour se plonger dans l’Alsace du quinzième siècle. C’est Michel Cosem qui nous offre sa tendresse coutumière et polie pour voyager de conserve avec le troubadour Peire Vidal, tout autour de la Méditerranée. C’est, plus près de nous et plus inhabituel, l’inspecteur catalan Jepe Llense que Daniel Hernandez nous indique comme pisteur du Loup des Cathares, dans un polar fantastique, bien dans les codes du genre. Enfin, presque au bout du chemin, si loin de l’Histoire qu’il en est totalement libéré, Serge Pey, et la foule qui parle à travers lui, la foule rouge, la foule hurlante ; Serge Pey pour qui toute poésie est nécessairement une hérésie.

eglisecath.jpgPierre de Meuse, L’Église et les cathares, Éditions Tempora, 2009, 18,90 €, FICT 60.
C’est un curieux ouvrage. L’auteur prend le parti de restaurer une réalité historique, selon lui déformée par des questionnements antérieurs ou contemporains. Il tente de divorcer d’avec l’historiographie la plus récente (qu’il maîtrise) pour rétablir une vérité. Il fait partie de cette école, ou de cette mode, qui voit des complots idéologiques partout et de l’endoctrinement dans le moindre discours. Cela ressemble beaucoup à un traité de polémique anti- hérétique, construit comme une réfutation systématique des interprétations protestante, régionaliste, spiritualiste, de gauche, etc., pour les remplacer par d’autres certitudes. Pierre de Meuse force le trait pour dessiner le portrait d’une religion disparue par l’effet d’une sorte de nécessité sociale. Il écrit : « L’Histoire est pleine de dangers pour les religions », mais je me demande si sa religion n’est pas pleine de dangers pour l’Histoire. À vous de voir.

archetlutrin.jpgSuzanne Thiolier-Méjean, L’archet et le lutrin. Enseignement et foi dans la poésie médiévale d’Oc, L’Harmattan, 2009, 38 €, MA 120.
« Amour est la douceur même. Quel amour ? Celui qui saisit tout sans fin ni commencement. » Cet amour total chanté par Daude de Pradas conviendrait fort bien à une définition de la fin’amor des cansos. Pourtant, Daude désigne par ces vers l’amour divin. En prenant en compte le destin de poètes de langue d’Oc des XIIe et XIIIe siècles, qui sont allés jusqu’au bout de l’idée d’amour pur en refusant sa forme terrestre et en choisissant de chanter le renoncement à la folie du monde par le seul amour de Dieu, Suzanne Thiolier-Méjean, professeur émérite de l’Université de Paris IV-Sorbonne, spécialiste reconnue de la poétique des troubadours, s’interroge sur la réalité de la séparation généralement faite entre la culture profane des poètes de langue d’Oc et les clercs qu’ils étaient amenés à côtoyer dans les villes ou les cours du Midi. Et si cette frontière n’était qu’illusion ? Et si les écoles religieuses du Midi avaient, plus qu’on ne le dit, influencé la morale et les discours des troubadours ? Et si la spiritualité des troubadours n’avait rien de laïque ? Et s’il y avait plus de points communs entre un clerc comme Alain de Lille, engagé dans la défense de l’Église (contre les hérétiques notamment), et un Peire Cardinal, fustigeant Rome et les clercs engagés dans la Croisade et la reprise en main morale du Midi ? Question qu’on jugera peut-être provocatrice, mais posée par un livre pionnier ouvrant un champ entier de pistes à défricher.

racinebarberousse.jpgPierre Racine, Frédéric Barberousse. 1152-1190, Perrin, 2009, 23 €, MA 119.
Pendant trente-huit ans, Frédéric Ier de Hohenstaufen (1122-1190), dit Barberousse, consolidera son pouvoir en Germanie, contrôlera celui de l’Église et conservera sa maîtrise sur les villes lombardes. À la tête d’un empire qui s’étendait de la Baltique à l’Italie centrale, du Rhône aux portes de la Hongrie, il rêvait de conquérir le royaume de Sicile et d’étendre son pouvoir en Terre sainte. C’est sur le chemin de la Croisade qu’il se noiera dans le Cydnos, en Cilicie, en 1190. Pierre Racine, professeur émérite à l’Université Marc-Bloch de Strasbourg, livre ici le portrait d’un homme dont l’autorité à vocation universelle s’est heurtée à la papauté en une crise terrible. Ce sera l’origine d’un long schisme marquant durablement l’histoire de l’Église et certainement pas étranger à la montée des hérésies. Cette belle biographie, très accessible, permet de redécouvrir, à travers un destin exceptionnel, une autre facette de l’histoire de l’Europe au XIIe siècle.

vauchezfa.jpgAndré Vauchez, François d’Assise, Fayard, 2009, 28 €, MA 121.
Qui est le « vrai » François, saint italien du XIIIe siècle, aimant la pauvreté, prêchant aux oiseaux et le premier recevant les stigmates ? D’innombrables biographies et articles successifs ont renouvelé notre vision de l’homme et de son monde. Mais il fallait les multiples talents du professeur Vauchez, spécialiste de la spiritualité médiévale, de la sainteté et de l’Italie médiévale, pour nous livrer ce maître livre sur le Poverello. Au-delà des différentes
« lectures » qui ont, depuis sa mort, brouillé, affadi ou dénaturé son message, on côtoie dans ce livre un homme au destin singulier, médiateur d’une nouvelle sensibilité religieuse, parfois plus proche de la culture profane de la fin’amor que de celle des clercs. Existait-il de grandes différences entre elles ? François parlait d’Amour. C’est l’une des raisons essentielles de notre fascination pour le personnage, huit siècles plus tard, et ce qui fait l’urgence à lire cette autre belle biographie.

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